Les jours passèrent, se ressemblant. Antoine réfléchissait toujours sur la paternité et le mariage. Avec Mathieu, ils ne se regardaient plus vraiment, ne se touchaient ni ne se parlaient plus. Leurs amis, inquiets, tentaient de leur parler mais le chevelu, perdu dans ses pensées, ne leur répondait jamais et le châtain fuyait toujours les questions répétées. Il s'enfermait toujours dans la chambre du plus grand et pleurait la plupart du temps.
Le vendredi 12 Novembre, Kriss l'entendit et entra dans la chambre qu'il n'avait pas fermé. Il s'assit près de lui et posa sa main sur son épaule. Immédiatement, le petit ex-vidéaste se blottit contre en sanglotant.
« J'en peux plus... gémit-il.
-Qu'est-ce qu'il se passe avec Antoine ?
-On s'est disputé et-, commença-t-il.
-Sur quoi ? Le coupa le noiraud.
-Je veux... fonder une famille, hésita l'homme aux yeux bleus. Mais lui ne veut pas. Et il m'a dit qu'il ne reviendrait pas là dessus.
-Alors, ne t'en fais pas, il y réfléchit. Beaucoup. Tellement qu'il est toujours dans la lune et ne répond jamais quand on lui parle. Tu devrais lui parler, vraiment.
-Je... je sais pas... »
Mathieu baissa les yeux. Il avait peur de se disputer encore une fois avec son petit-ami. Ou ex. Il ne savait pas.
« Mais si, l'encouragea le barbu. Il doit se poser beaucoup de questions, à deux vous pourriez y répondre. Tu sais, je suis souvent au téléphone. »
Le petit homme hocha la tête.
« Hé bien c'est parce que j'appelle tout le temps ma femme et ma fille. Elles ne m'ont pas suivies car la petite est à l'école. Ma femme m’envoie beaucoup de photos d'elle et je suis très heureux. Enfin, je le serais encore plus si j'étais auprès d'elle mais je travaille ici... Enfin, je suis pas là pour parler de mes problèmes mais des tiens.
-Pourquoi tu ne vas pas les voir ? On pourra toujours te trouver une excuse. Et je pense que c'est une excuse assez importante pour être acceptée.
-Avec cette connasse d'Aurore ? Mmh... Enfin, de toute façon, ça va être les vacances scolaires, elles vont venir pendant les deux semaines.
-Sérieux ? Pourquoi ne l'as-tu pas dit avant ??
-Parce que ça relève du personnel. Mais bref passons. Il faut que tu ailles voir Antoine et que tu discutes avec lui. Et surtout que tu fasses pencher la balance de ton côté. Je suis certain que tout ira bien.
-Ouais, sûrement. Merci mec.
-Au plaisir. »
Kriss serra quelques secondes Mathieu contre lui avant de se lever et de partir de la pièce. Il passa devant Antoine qui, étant passé inaperçu, avait écouté la fin de la conversation.
Il s'avança et prit la place qu'occupait son ami juste avant. Sans rien dire, il enlaça son homme et le serra contre lui. Ce dernier ferma les yeux et passa timidement ses bras autour du torse du brun.
« Pardon, s'excusa-t-il. Je suis sincèrement désolé de m'être autant emporté cette nuit là. C'était largement excessif et surtout complètement con. J'espère ne pas t'avoir trop fait souffrir durant ces quelques jours où je me suis éloigné. Et s'il te plaît, écoute moi jusqu'au bout sans me couper. Tu pourras parler après, m'insulter si tu veux...
-Vas-y, articula simplement l'homme aux yeux bleus.
-Bon... »
Antoien souffla un bon coup.
« J'ai beaucoup, beaucoup réfléchi. Et c'est d'accord. Enfin, pas tout de suite hein... Dans ma tête j'ai pas encore vraiment tout assimilé. Mais je suis d'accord pour le mariage et l'enfant. Par contre... Je sais pas vraiment pourquoi, j'ai peur... J'ai vraiment peur de pas être à la hauteur. Tu me connais, je suis un pervers international, je crie tout le temps, j'ai tendance à fuir le travail et les responsabilités. J'suis encore un gamin dans ma tête. Mais je sens qu'à deux on pourrait donner une éducation pas si mal... Et puis, on peut toujours demander de l'aide à Kriss ou quoi. Je suis certain qu'il pourra toujours nous aider. Donc c'est d'accord. Mais je pense qu'on devrait bien se préparer avant. Et puis... on pourra peut-être lui donner ta chambre ? »
Le châtain, les larmes aux yeux, sauta sur Antoine, le faisant tomber sur le lit. Celui-ci ria en serrant Mathieu contre lui.
« Mais il reste une grande question 'Toine... On adopte ou on fait appel à une mère porteuse ?
-Oulà... J'en sais rien moi... L'adoption pourrait être plus rapide, non ? Genre un enfant de deux ans ou un an ?
-Mouais... Oh pire on se renseignera pour les deux. Je suis tellement heureux sur tu veuilles finalement ! »
Le plus jeune nicha sa tête au creux du cou d'Antoine en souriant alors que ce dernier passait machinalement sa mains dans ses cheveux. Ils restèrent ainsi longtemps, allongés et enlacés.
Le dimanche arriva à grand pas. Nyo avait décidé d'y aller seul. Ses amis, pendant le repas, n'arrêtaient pas de le taquiner sur un possible amour envers la jeune fille. Il niait à chaque fois tandis que ses amis revenaient à la charge à chaque fois. Il s'apprêtait à crier un bon coup quand Mathieu, voyant bien sa colère, le coupa dans son élan.
« Mmh, bon, avec Antoine on va se coucher...
-Quoi ? Mais... bégaya le susnommé, dans l'incompréhension.
-Viens. »
Sans comprendre, le chevelu suivit son petit ami jusque dans leur chambre. Comme ils n'étaient pas fatigués, ils discutèrent un bon moment. Leurs amis, après qu'ils soient partis, décidèrent de faire de même, arrêtant ainsi d'embêter le plus jeune.
À vingt-trois heures, il attendait toujours Aurore, assis. Celle-ci arriva avec dix minutes de retard.
« On y va ? Demanda-t-elle en arrivant.
-Bonsoir d'abord, et qu'est-ce qu'il faut faire ?
-Je t'expliquerai là-bas.
-Euh... d'accord. »
Le dessinateur se leva et suivit la jeune femme jusqu'à la pièce où elle était déjà allée quelques jours auparavant.
Ils restèrent un moment devant la porte, silencieux.
« Et donc... ? Commença Nyo.
-Il faut que tu rentres là dedans et que tu prennes un maximum de livres.
-HEIN ?! TU ME DEMANDES DE VOLER ?? Mais ça va pas !
-Chuut, moins fort !! »
Aurore soupira.
« Bon, alors on va fouiller à deux.
-O-okay... »
Le jeune homme n'était pas du tout rassuré. Ils rentrèrent tous les deux dans la salle. Nyo s'avança jusqu'au bureau et aux étagères à côté tandis que la demoiselle resta aux alentours de la porte, craignant l'apparition d'un garde.
Ils fouillèrent pendant une bonne partie de la nuit. À deux heures du matin, ils entendirent des bruits de pas dans le couloir à côté. Aurore s'échappa du bureau, laissant l'homme seul, paniqué. Celui-ci se cacha dans un coin, derrière une grosse plante touffue. Il s'assit contre le mur alors que deux hommes entrèrent. Ils discutèrent un moment avant de s'asseoir au bureau. Le dessinateur en profita pour s'extirper de sa cachette et prendre ses jambes à son cou. Il revint dans sa chambre et s'assit sur son lit.
Son... acolyte l'avait laissé dans la merde. Il ne lui ferait certainement plus jamais confiance aveuglement mais il était trop curieux pour résister à l'envie d'en savoir plus, et donc de l'aider. Même si ça s’avérait très dangereux.
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Mar 24 Mai - 13:12