Le lendemain, tous se réveillèrent, se préparèrent et se rejoignirent dans la salle commune. Les neuf amis partirent manger rapidement, plus excité les uns que les autres à l'idée de retrouver l'air frais extérieur. Ils attendaient donc l'ouverture des portes juste devant.
« Vous pensez que ce sera comment ? Engagea Bob.
-Génial ? Proposa en souriant, presque riant, Alexis.
-Désertique, articula sèchement Gabriel.
-Sois pas si pessimiste, le reprit Kriss.
-Euh... Il est allé à la surface, toussota Frédéric.
-Ah... soupira l'hyperactif, dépité.
-Merde... continua Nyo.
-Ça tu peux le dire, acquiesça Antoine d'un air attristé.
-Mais si on y retourne, c'est pour la dépolluer non ? Alors tout rentrera dans l'ordre ! S'exclama Sébastien. »
Seul Mathieu ne parlait pas. Il écoutait vaguement ses amis en dévisageant son meilleur quelque peu gêné par le regard que lui portait le petit ex-vidéaste. Il essayait de ne pas y prêter attention, en vain. Bob le remarqua.
« Bah alors, Mathieu ? T'es amoureux ? Questionna-t-il ironiquement, l'extirpant de sa rêverie.
-Hein ?? Non ! Nia-t-il énergiquement.
-Alors pourquoi tu dévisageais Antoine comme ça ? Demanda Gab qui l'avait remarqué par la suite.
-Mais... Je le regardai pas ! Lâchez moi avec ça ! »
Sur ces mots, Mathieu s'éloigna sous le regard incrédule de ses amis. Pourquoi avait-il réagit si durement ? Surtout pour une blague qu'il aurait cautionner il y a quelques années. Les huit hommes ne se posèrent pas longtemps la question pour reprendre leur débat.
Enfin, les portes furent ouvertes. Antoine s'approcha de son meilleur ami, saisit sa main et l'emmena à l'extérieur. Ce dernier, surpris, c'était laissé faire jusqu'à ce qu'une éblouissante lumière n'agresse ses yeux. Il les couvrit de son bras, comme le chevelu, sans lâcher sa main. Peu à peu, Ils s'habituèrent à cette clarté et leur vue redevint à peu près normale. Ils observèrent les alentours, désert. Même pas une mauvaise herbe ou une fourmi. Le vide total.
Ils se baladèrent un peu avant d'être rappelé à l'ordre par une jeune femme avec un t-shirt rouge flamboyant clairement visible à plus de trois kilomètres. Les neuf amis se réunirent autour d'elle avec forcément bien d'autres personnes.
« Bonjour, commença-t-elle, je m'appelle Aurore et je suis une des représentes des Save Earth. L'association qui s'occupe de l'organisation dans les bunkers. Les gouvernements nous ont assigné la tâche de contrôler l'organisation aussi à la sortie des abris et de nous charger de la dépollution et des constructions à venir. Je ne vais pas vous donner les plans comme il vous a été dit hier mais je vais les accrocher sur ce tableau. »
Elle le montra.
« Ensuite, continua-t-elle, si vous voulez me poser des questions, je serais juste à côté.
-Encore une branleuse, murmura Fred à ses amis qui rirent.
-Un problème messieurs ? Les interpella Aurore.
-Non, non, rirent-ils encore. »
Elle leur lança un regard haineux et reprit son long monologue. Enfin, elle accrocha les plans. Tout le monde se mit donc à travailler.
De longues heures à répondre des cendres et d'autres engrais naturels passèrent quand ils purent enfin faire une pause, à midi.
« Je sais pas si c'était une bonne idée de vouloir sortir, au final... bâilla Antoine en s'étirant, courbaturé.
-En plus avec l'autre connasse qui en fout pas une... se plaignit Seb.
-J'vous entends, leur fit-elle remarquer. »
Tous se mirent à rire devant l'expression gênée de leur ami.
La journée passa et ce n'est qu'une fois dans son lit, au bunker, que Mathieu se rappela de la lettre d'Antoine. Il s'en empara donc et l'ouvrit, commençant ainsi une longue lecture...
« Mathieu,
Quand tu te réveillera, si tu te réveilles, et que tu verras mon cadeau pour tes trente-quatre ans, tu le trouveras certainement bien nul. Mais j'avais plus le besoin que l'envie de t'écrire ça.
Ça fait plus de sept putains d'années que tu dors. Je me demande chaque jours si tu te réveilleras. J'ai beau essayé de cacher ma souffrance quotidienne, Nyo l'a bien remarqué. Il remarque tout. Enfin, je crois que j'ai fini par m'habituer. Et c'est horrible. Je ne veux pas m'habituer à ton absence. Je ne peux tout simplement pas. J'étais en dépression et j'espère chaque jours que tu te réveilles pour voir le bleu de tes yeux ou entendre de nouveau ta voix (et tes remarques sarcastiques). »
Mathieu ria légèrement.
« J'ai beau essayé, j'y arrive pas. J'arrive pas à vivre sans toi. Je passe le plus clair de mon temps dans ta chambre à te tenir la main, te serrer contre moi ou simplement te regarder, si paisible... J'ai pas réussi à t'oublier et surtout à oublier les sentiments que j'ai pour toi. Putain, je t'aime comme un fou Math'... ça fait longtemps déjà. Et chaque jours passé à te voir mourir à petit feu est une torture. Réveille toi vite, je t'en supplie...
Antoine. »
Une fois la lecture finie, le jeune homme ne dit rien. Il était profondément perturbé et c'est avec un tas de questions sans réponses qu'il s'endormit, épuisé par sa journée de labeur.