Mathieu se réveilla rempli d'une détermination nouvelle. Maintenant qu'il savait qu'il l'aimait, et surtout qu'il en était sûr, il n'en avait plus rien à foutre du monde, il lui dirait aujourd'hui. Enfin, il ne savait pas encore quand. C'est quelque chose de vraiment sérieux, l'amour, et il le savait. Il n'allait quand même pas venir vers Antoine et dire « au fait moi aussi j't'aime » puis l'embrasser, non. Il voulait quelque chose de plus... intime. Oui, c'était le mot. Sans personne, juste eux deux. Alors le soir était la meilleur solution.
Il rejoignit ses amis après s'être préparé et, ensemble, ils retournèrent à l'extérieur. Encore une journée de travail assommant à répandre l'engrais sur les terres sèches.
Le soir leur apparu alors comme une bénédiction. Encore une fois, ils burent et mangèrent autour de la table, mais avec plus de modération. Avoir la gueule de bois pour travailler surtout avec des travaux aussi difficiles n'étaient pas l'idéal...
« Vous pensez qu'on pourra commencer à faire autre chose que répandre de l'engrais demain ? Engagea Nyo.
-J'espère, ça en devient chiant... Et ça fait un mal de chien... Se plaignit Antoine en faisant craquer son dos.
-Mmh... Dès le début c'était chiant ça... renchérit Seb.
-Ouais... Bon, j'vais me coucher moi, annonça le chevelu en se levant.
-Faut que tu te remettes de ta cuite d'hier, ria le chauve.
-Ouais, ouais... »
Il partit dans le couloir. Le plus petit se leva et le suivit sans rien dire aux autres. Mais le dessinateur, évidemment, avait deviné. Tout le monde se regardait, se questionnait du regard sans obtenir de réponse. Ils finirent par recommencer leurs discussions animées.
Une main attrapa le poignet d'Antoine qui s'apprêtait à rentrer dans sa chambre. Celui-ci se tourna vers son meilleur ami.
« Je dois te parler. »
L'air sérieux de Mathieu n'enchantait pas le chevelu. Il réfléchit quelques secondes avant de lui faire signe de rentrer. Il s'exécuta et le plus grand le suivit, fermant la porte à clés. Tout deux s'assirent sur le lit. Ils n'osaient pas regarder l'autre.
Le châtain engagea la conversation :
« Ce que j'ai à te dire est important et, je t'en prie, ne me coupe pas.
-Je te l'assure.. »
Il prit une grande inspiration et commença un monologue :
« J'ai lu ta lettre et... Je suis désolé... Je ne savais pas que tu m'aimais. J'ai dû te faire souffrir tant de fois, je m'en veux tellement... J'aurais dû m'en rendre compte. Toutes ces petites attentions, ces gestes, ces regards... Mais quand j'y repense maintenant, ça me semble évident... J'aurais dû le voir ! Enfin, maintenant, je le sais... et je me suis questionné. Je ne pensais pas t'aimer mais y'a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, hein ? Enfin, je suis pour te dire que je t'aime aussi, Antoine Daniel. Et j'en suis certain. Alors essayons, voyons ce que ça pourrait donner, nous deux. Je suis sûr que ça marchera. Ça ne peut que marcher, non ? Essayons, et voyons. Je veux passer le reste de ma vie avec toi alors je en te lâcherais pas. Je ne t'abandonnerais pas. Je ne te tromperais pas. Je veux que ça marche. Et qu'on soit ensemble. »
Il avait tourné la tête vers son meilleurs ami et attendait une réponse. Ce dernier avait le regard dans le vide, semblant réfléchir.
Et il réfléchissait réellement. Il ne l'avait pas réellement écrit. Il n'avait pas écrit qu'il l'aimait ni depuis longtemps. Alors comment Mathieu le savait ? Il l'avait deviné ? Certainement pas, pas ça... Donc il n'avait pas lu sa lettre... Mais celle de qui alors ? Enfin, qui l'avait écrite ? Il ne trouvait qu'une réponse possible. Et il décida d'aller se venger plus tard. Valait mieux profiter de l'instant présent. Puisqu'ils s'aimaient mutuellement, il n'avait pas à se plaindre.
Il se tourna donc lentement vers l'homme aux yeux océans et le contempla un moment. Aucun des deux ne bougeaient. Ils étaient hypnotisés par l'autre. Lentement, Antoine se rapprocha de son compagnon et murmura :
« Essayons. »
Puis il scella ses lèvres aux siennes. Ils fermèrent les yeux et se laissèrent aller dans le baiser. Les langues dansaient, se caressaient, les lèvres bougeaient en rythme, les corps commencèrent à se frotter... Bientôt, les mains vinrent retirer les vêtements de l'autre. De faibles gémissements se firent alors entendre mais ils ne passèrent pas les murs insonorisés.
Le chevelu, ayant totalement dénudé son partenaire, continua de le caresser. Une bonne partie de la nuit, il s'embrassèrent, se caressèrent et firent l'amour. C'était la première fois qu'ils le faisaient, pourtant ils n'y avaient eu aucune gêne. Tout avait était doux, passionné. Tout avait était magique, inoubliable.
Après leurs ébats, les deux hommes s'endormirent, enlacés, dans le petit lit de l'aîné, épuisés mais ravis.
(Vous avez vu la référence à Charles Aznavour ?)
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Lun 16 Mai - 17:34