Can you Hear under the see ?

Bientôt, Umi fut assez remise pour se lever. Ses premiers pas étaient incertains, elle chancelait tel un enfant qui, pour la première fois posait un pied après l’autre et se tenait sur ses jambes. Elle tombait. Jamais ne criait ni ne se plaignait. A chaque fois qu’elle s’effondrait, un court instant une expression de douleur insoutenable se peignait sur son visage, tout de suite effacée par un rire muet dès qu’elle me regardait. Et bientôt, elle fit de grand progrès, marchant avec bien plus d’assurance jour après jours ; malgré tout, elle restait toujours hésitante et, semblait-il, souffrante quand elle faisait de grand efforts, bien qu’elle fit tout son possible pour ne jamais le montrer. Je la trouvais bien mignonne avec sa jolie teigne, son sourire angélique et ses yeux d’un bleu si profond que jamais je n’arrivais à m’y refléter, telle la mer qui fracassait ses lames sous nos fenêtres.

Elle passait de longues heures à regarder la mer, assise à sa fenêtre ou sur la terrasse. Dans ces seuls moments de solitude, elle laissait sa peine intérieure paraître sur son visage, ses yeux se perdant dans le lointain. Elle regardait les vagues battre leurs éternels refrains et de ses yeux s’écoulaient de pures larmes. Son malheur mélancolique ne pleurait pas notre monde, il me semblait l’avoir compris. Elle ne savait pas que je l’observais en ces moments là, sinon je gage qu’elle aurait déjà essuyé ses larmes et tourné vers moi un grand sourire joyeux.
Pour la divertir un peu, je lui fis visiter mon château, les jardins, mon royaume, tout ce que j’appréciais. Elle ouvrait de grands yeux effarouchés, puis émerveillé, s’étonnait de tout et me remerciait en riant, prenant parfois ma main pour m’amener vers un lieu qu’elle voulait encore voir. Sa peau est si douce quand elle la pose sur mon bras… Je voulais qu’elle soit heureuse, car son vrai sourire est le plus éclatant que j’ai jamais vu, et elle rayonne en ces moments là d’un bonheur sans égal, que je lui envie quelques fois.


Bientôt arriva la saison des pluies, et nos balades furent interrompues par le mauvais temps ; on ne pouvait plus mettre le nez dehors sans prendre une douche froide et Umi retomba dans une mélancolie triste en regardant le monde devenir gris. Cette fois, j’entrepris de lui lire mes contes favoris, ces histoires d’aventures extraordinaires et d’explorateurs partant à la découverte de mondes enfouis dans le lointain. Je me souviens encore de ce jour froid où nous étions tous deux non pas près du feu, mais loin dans le ciel, rêvant des hauteurs de Laputa la grande que traversait Gulliver dans ses périples aventureux, ou alors au coeur même du Leviathan tandis que se déchainait les flots autour de nous. Si, au début, elle ne semblait pas tout comprendre, elle écoutait toujours attentivement et bientôt vint elle-même me réclamer nos séances de lectures voyageuses.

Elle me comprenait mieux que quiconque. Nous avions finis par développer notre propre langage ; elle était toujours à l’écoute de tout ce que je disais, attentive et conciliante, elle me donnait même quelques conseils maintenant que je pouvais la comprendre. J’avais l’impression profonde qu’elle était une sorte de moitié qui m’avait manquée jusque là, une confidente qui m’aiderait à porter les fardeaux que mon rôle d’héritier entrainait inévitablement. Comme cette sœur que depuis longtemps je rêvais d’avoir. Je m’étais beaucoup attaché à elle, c’est certains ; mais parfois, quand je la voyais regarder la mer, je repensais à cette douce demoiselle qui m’avait sauvé la vie et dont je voyais encore en rêve le merveilleux visage penché sur moi. Nous passâmes de long mois ensembles, à lire, nous promener, entendre, discuter, rêver. Et le temps passa… jusqu’à mon dix-neuvième anniversaire.

Hey tout le monde ^w^ (ou lecteurs fidèles )
Nouveau Chapitre, toujours même point de vue... je fais déjà un peu plus long, et les choses se compliques!
cette fois, j'ai trouvé une illustration spéciale :

Spoiler:

J'espère que vous aurez apprécié (sinon ça vaut rien!) et merci d'avoir lu!