Can you Hear singing under the see ?

Je dansai à ce moment là avec la jeune fille aux chevaux verts. De nom je ne me souviens point, mais peut importe, l’essentiel était qu’elle ne m’écrasait pas les pieds à chaque mouvement, sinon depuis longtemps que, abandonnant toute pratique digne d’un gentilhomme, je l’aurais laissé sombrer dans la foule anonyme avec pragmatisme et bonne considération. Nous tournions sur une valse, les trois temps étant marqués par l’orchestre qui, sur son balcon perché, nous jouait allègrement « Rose florale » en sol mineur. Tandis que nous tournions sur le manège, je pensais à ma mère : elle ne pourrait prétendre, aujourd’hui, que mon comportement avait une quelconque lacune.  Je m’étais comporté, à quelques exepsions près, exactement comme elle le voulait : en prince marionnette, parfait. Et je soupirais, sentant ces noires pensés peser sur moi, formant un nœud dans ma gorge. La fille que je conduisais, elle, ne tournait vers moi qu’un sourire niait, béat. Artificiel.

C’est à ce moment-là que je vis ma chère « sœur », assise un peu plus loin, dans un fauteuil au dossier rouge, jointure dorée ; Un homme au costume violet, penché à côté d’elle, lui murmurait quelque chose à l’oreille. Je la vis juste lever des yeux étonnés sur le noble avant d’être à nouveau entrainé dans la horde de danseurs. Tout à coup, j’avais grande hâte que cette interminable danse se termine enfin. Je ne supportais plus du tout le visage rayonnant de ma partenaire, alors qu’il n’y avait rien ce masque de beauté. Pitoyable.

Enfin, dieux !, les dernières notes furent jouées. Je lâchais aussitôt ma partenaire, qui en maugréât un bon coup, pour me diriger d’un pas assuré vers l’endroit où j’avais aperçu Umi ; tellement assuré que les invités se jetèrent presque sur le côté pour me libérer une route. Je devais avoir un air assez effrayant. Malheureusement, le gentilhomme en violet était dos à moi, sinon je gage qu’il aurait été de suite voir ailleurs ; mais il était occasionnellement très occupé à proposer à l'orpheline "royale" une pomme rouge, surement bien juteuse. Evidement. Quand toutes les pêches sont dans un panier inaccessible, on se tourne vers le plus abordable ! Fulminant, je m’approchais, calmant ma démarche juste avant d’arriver dans la vision d’Umi, qui, de suite, me sourit. Ignorant posément l’homme qui s’était déjà écarté, je m’inclinais devant la jeune fille et, baisant sa main, je dis, assez haut pour que tous entendent dans la salle soudain silencieuse :

« Délicieuse jeune fille, voudriez-vous m’accorder cette danse ? »

Je voulais montrer à tous ces idiots que personne n’avait le droit de toucher la seule personne qui me comprenait. Et surtout, je voulais qu’une fois pour toute, ces harpies de « filles » me lâchent un peu la veste ! Umi était à leurs « insurmontable désir », ce qu’était une porte fermée à un mendiant : une parfaite parade. Sans qu’elle m’ait donné une quelconque réponse, je l’entrainais avec moi vers la piste de danse. Comment aurait-elle pu protester aussi, muette qu’elle était ? L’orchestre reprit de suite une valse, cette fois « Perles de l’océan » si je ne m’abuse, et Un, deux, trois !, je fis valser ma nouvelle partenaire aux cheveux d'or soyeux au milieu des autres couples qui reprirent leur manège.
Mon observation se fixa sur la jeune fille, alors qu’elle était si proche de moi, alors que son regard marin refusait obstinément de croiser le mien, alors que la proximité de sa peau douce contre la mienne éveillait d’étrange sentiments en moi. Je regardais, pour la première fois, son corps de jeune femme aux parfums enivrants, là ou auparavant je n’avais vu qu’une fillette seule et désemparée. Elle portait une robe blanche, de soie, que je n’avais jamais vue. Une nouvelle confection : un corset étudié soulignait ses formes, décoré de quelques perles, une jupe bouffante affinait sa taille et formait autour d’elle une cascade d’écume du plus bel effet, tandis que le reflux nous entrainait des falaises aux Fjords, sans jamais toucher des semelles les rochers. Ses fines mains serraient les miennes ; peur de sombrer ?

Les yeux de ma partenaire montaient vers le ciel ; elle observait, mordant légèrement sa lèvre inférieure. Un cercle : les pupilles voguèrent jusqu’à bâbord, trouvant un point d’encrage sur une fresque murale. Hésitante petite créature, pourquoi ne tourne-tu pas tes yeux merveilles vers celui qui n’attends que de s’y plonger ? Elle me fuyait…. pas pour longtemps. D’un coup plus dur, je la fis tourner jusqu’à ce qu’elle n’ait plus le choix que de me regarder en face. Et ses yeux se levèrent vers les miens. Mais ce ne furent pas les yeux marins qui m’accueillirent ; mais deux grands joyaux Jades. Du vert le plus pure, telle l’eau du bassin d’été auprès duquel vint la vierge plongé son innocence parmi les roseaux, tandis qu’au dessus d’elle, le feuillage d’un printemps nouveau tendait ses mains vers le ciel. Et moi-même je me plongeais, désir rongeant mon corps, dans ces bijoux aux reflets non pas mystérieux comme la mer, sauvage, mais d’une douceur égale à celle de la paisible rivière qui m’accueillerait avec joie en son sein lors de chaude journée d’été, exaltant une promesse de repos et de douceur.

Autour de nous, il n’y avait plus la lourde musique humaine, il n’y avait plus de danseurs maladroits. Nous étions seul, tous deux, avec pour seul accompagnement le battement de nos deux cœurs mêlés.
Ce n’était plus le frêle corps de l’orpheline que j’avais sauvé il y a quelques mois que je tenais dans mes bras. C’était un corps beaucoup plus ferme, développé, majestueux, et par bien des points supérieur.  Celle que je faisais tourner dans ce cruel manège était la jeune fille qui animait tous les instants où mon âme et mon corps se séparait. A chaque fois que mon esprit s’évadait, c’était vers elle, et elle seule qu’il se tendait mes rêves, et je la désirais, au-delà même de la conscience humaine. Umi n’existait plus. Il n'y avait plus qu'Elle, et moi, et Elle, ensemble...

Des cris perçant tout autour de moi me ramenèrent à cette cruelle réalité qu’est le monde. Je lâchais les mains de ma partenaire, qui s’effondra. Sur le sol, crispée, elle était secouée de tremblements, toussait, toussait, toussait… toussait encore. Cela ne semblait jamais finir. J’étais immobile, mes membres de glace, une statue contemplent la mort frapper, je ne pouvais détacher les yeux de sa souffrance. Et finalement, son corps s’affaissa et ne bougea plus. Alors, je levai mes mains devant mes yeux. Ils étaient rouges, pleins d’une consistance moite et gluante. Tâchés de sang. Alors, j’ouvris finalement la bouche, et hurlait.

Cher lecteur... y en a-t-il encore ? Si oui, alors vous méritez un  gros  
Bon, revenons aux choses sérieuses. Voilà enfin le chapitre que je vous annonçait depuis un moment, où les choses devaient changer, évoluer. Et si vous n'avez pas tout compris, c'est normal. Les choses deviennent bien plus compliqués, comme ces sentiments humains qui animent mes personnages... Les choses se précipitent déjà vers la fin que j'ai peur de voir arriver.
De plus, Au plus les chapitres avancent, plus ce que j'écris change de ton et de manière. La raison? J'ai commencé cette histoire il y a presque un an, et l'envie de l'écrire véritablement n'est revenue qu'il y a peu, ce pourquoi certaines choses changent, tandis que j'expérimente ce dont je suis moi-même capable...
Notamment, la fin de ce chapitre. Vous avez vu l'annotation que j'y ait ajoutée: elle signifie que le PdV du prince est maintenant terminé, d'une façon assez lyrique certes ; la prochaine fois, ce serra une autre personne qui aura la parole, qui, mystère... je vous laisse deviner ;p
Bon, passons au chapitre en lui même. A ce stade, vous n'aurez peut être pas tout compris, mais je préfère attendre ce qu'on m'en dis avant de récapituler, si vous le voulez.
Mais surtout, dites moi si quelques chose vous gêne. Ce chapitre me tiens assez à coeur, et je souhaite que ce que j'écris plaise, alors votre avis compte beaucoup, merci  

Le bonus du chapitre: