Chapitre 10 : « Pardonne-moi. »
Il plongea ses mains dans l'eau fraîche de la rivière afin d'asperger son visage pour le nettoyer un peu. Bboy leva ensuite les yeux au ciel, laissant les perles d'eau couler et s'évaporer sous le soleil du matin. Lui et DarkFuneral avaient traversé la moitié de l'île la veille. Le génie et son ami s'étaient reposés, bien à l'abri dans une cabane de fortune, faite de pierres et de planches de bois. Ils avaient entendu les nombreux coups de canon. Celui qui annonça la mort de Seyhial. Puis, lors de celle de Nems. Tous les deux morts de l'environnement. Le génie en déduis qu'ils étaient probablement seuls au moment de mourir. Triste fin. Il compta sur ses doigts le peu d'aventuriers restants. Trop peu. Beaucoup trop peu. C'était une boucherie. Il se demanda si une fin était envisageable. Il ne voulait pas perdre d'autres personnes. Surtout pas Pierre. Il était comme un frère à ses yeux, même si leur relation était parfois compliquée... il le soutenait dans cette épreuve. Il ne voulait pas perdre Fufu non plus, son dernier génie, le seul qui pouvait encore le comprendre sur cette terre. Sa moitié. Il repensa aux autres, ceux qui étaient tombés.
Des célèbres Patricks, ne restaient qu'un demi-Pokémon et deux des trois piliers de l'organisation. Tout cela était arrivé par le côté malsain du leader, une ombre cachée trop longtemps dans les ténèbres et qui ce jour-ci réclamait vengeance. Comment une ombre pouvait-elle réclamer vengeance? Il ne savait pas. C'était irréel pour le génie. Il ne comprenait pas. Fufu avait pensé à une sorte de sortilège, capable de lui donner une apparence physique, sans trop y croire. Le génie au pull gris se contenta de soupirer.
« Bon, Fufu. Va falloir qu'on bouge. Si on reste ici, on va prendre racine. Il faut qu'on retrouve nos potes et qu'on démonte ce demeuré. » Ragea le génie.
« Ouaih, mais tu crois qu'on va y arriver? Il a la main sur tout ici. Et toutes ces secousses depuis hier, tu les as sentis aussi? N'est-ce pas? »
« Ouaih. On dirait que la terre est en train de s'ouvrir pour laisser un truc sortir... genre...un démon. C'est pas bon du tout. La prophétie est en train de se réaliser. Fufu, faut que je te dise un truc. Je vais te parler franchement. »
« Tu peux toujours me parler franchement, Bboy. Tu le sais. »
Ce dernier sourit à la remarque. C'était un frère. Il continua ses explications : « Gros, je pense qu'on risque d'y passer aussi. Je ne sais pas pourquoi... mais écoute. On est des machines. On est des putains de garde du corps. C'est Aypierre qui peut utiliser l'arme légendaire. Il faut qu'on le protège à tout prix. Et pas que du malade mental, si tu vois ce que je veux dire? »
« Tu penses à Fukano? Je ne crois pas qu'il s'en prenne à Pierre. Il y a eu beaucoup de menaces, c'est vrai, mais, ce n'est pas de cette façon qu'il ramènera Zerator et il le sait. Ils sont amis depuis trop longtemps, je ne vois pas Fuka lever la patte sur Pierre, sérieusement ! Ce n'étaient que des mots. Moi aussi j'en ai voulu à Pierre, quand Jiji et Xari sont morts. Ce n'est pas pour autant que je vais aller le poignarder dans le dos. Ça ne me fera pas plus de bien. » Expliqua calmement le tatoué, tout en commençant à réunir ses affaires.
Le génie esquissa un petit sourire. Son ami avait raison. Un vrai ami ne s'en prendra pas à un autre. Du moins, c'était ce qu'il pensait. Ce fût à ce moment qu'ils entendirent deux coups de canon, espacés de plusieurs minutes. Fufu se redressa d'un coup, surpris.
« Mais quoi encore?? Il ne va jamais nous lâcher ou quoi? »
« Oh putain... » gémit Bboy, en recevant le parchemin annonçant les morts. Il l'avait lu. Son visage s'était déconfis. Ses yeux reflétaient une grande tristesse. Fufu s'approcha de son ami, posant une main sur son épaule, le forçant à lui dire ce qui était arrivé. Le génie prit alors une grande inspiration et lut à voix haute, les mots rouges qui ornaient le parchemin :
« Newtiteuf a été tué par Fukano.
Unsterblicher a été tué par Fukano. »
Le visage de DarkFuneral se décomposa à son tour. Fukano avait tué deux de leurs alliés? Impossible. Cela ne pouvait être vrai. Le métalleux arracha le papier des mains de Bboy et relut lentement celui-ci. Non. Pas d'erreur possible.
« Fukano a tué NT et Unster ou il s'est défendu? Fuka est la taupe? Qu'est-ce qu'il s'est passé putain? » S'énerva le génie aux cheveux bleus.
« Je ne sais pas, frérot. Je ne sais pas. Mais s'en prendre à deux gars qui savent à peine tenir une épée dans leur main, c'est bas. On va aller enquêter. Et on va retrouver Pierre, Frigiel et Azenet. Tu me suis? » Dit Bboy tout en se levant et en tendant une main à son ami.
« Jusqu'à la mort, mon pote. » Répondit Fufu en hochant la tête, un sourire narquois ornant ses lèvres.
Ils partirent en direction du volcan, se doutant que les autres devaient s'y trouver. Mais l'angoisse serrait leur cœur, qu'allait-il trouver une fois sur place? Des cadavres? Bboy ne voulait plus d'une telle vision. Et s'il devait se débarrasser du meurtrier pour ce faire, il le ferait. Il se le promit.
*_*_*_*_*_*_*_*_*La tempête de sable faisait rage. Ils s'étaient éloignés de la cité pour retourner à leur base secrète. Le leader était suivi par son second. Ce dernier plaça ses mains devant ses yeux, le sable volant lui piquant horriblement la vue et la brouillait. Le vent les faisait reculer par moment, aussi puissant qu'un souffle de dragon. Le plus grand, portant un pull bleu, venait de saisir la main du châtain, plus jeune. Il lui avait évité une chute dans une crevasse. Plaquant son ami contre lui, il le guida vers un début de grotte, dissimulée dans de la pierre du désert. Les deux se laissèrent alors tomber sur le sol, enlevant le sable de leurs cheveux et de leurs vêtements. Le plus âgé émit un rire.
« Ça c'est de l'aventure ! Par vrai, Aze? »
« Pourquoi Zelvac a choisi de construire sa cité dans un désert? » Se plaignait le dénommé Aze.
« Parce que c'est classe. Ça me fait penser aux civilisations antiques et tout. Non, c'est juste nous qui sommes établis beaucoup trop loin. »
« TU es établi trop loin, Pierre. Moi, j'étais peinard dans l'appartement que nous avons acheté à la cité. »
« Tu fais le malin avec tes deux mètres carré de surface, alors que moi monsieur, j'ai un palais sous-terrain ! » Répondit le redstoner d'un air hautain.
« C'est ça, c'est ça. Moque toi. Sinon, j'ai ça, contre la tempête de sable. » Répondit Azenet en sortant deux paires de grosses lunettes de son sac à dos. Aypierre en prit une paire et râla.
« Pourquoi tu ne les as pas sorties plus tôt? »
« Ça m'amusait de te voir galérer comme un idiot pour avancer. »
« Tu te serais moins marré en tombant dans cette faille. »
« Certes, certes. »
« Allez viens, on a encore du chemin à parcourir. La nuit va bientôt tomber en plus. » Dit Aypierre tout en mettant les lunettes de protection sur ses yeux azurs. Azenet l'imita et ils purent sortir de leur abri.
Ils traversèrent le désert pendant une bonne demi-heure. Le redstoner sentit sa manche se tirer. Azenet voulait son attention. Il pointa une direction, dans la tempête de sable.
« Tu as vu ça? »
« Quoi donc? »
« Là-bas ! »
Aypierre plissa les yeux, il vit une masse dans le sable, non loin de leur position. Quelque chose d'orangé à première vue. Le leader s'approcha d'un pas lent, suivi par Azenet. Il observa alors cette chose étrange, ressemblant à un gros chien. Ses poils étaient roux, bariolés de noire formant de magnifiques rayures.
« Pauvre bête. Il est mort? » Demanda Azenet en restant à l'écart. Pierre s'était approché pour tâter le pouls de la bête.
« Non. Mais il semble faible. Il a dû se perdre dans la tempête. Hum... on retourne à la cité? Je ne pense pas que Zelvac nous en veuille? »
« Tu es sûr de toi? On dirait un loup. » Stressa le codeur.
« C'est juste un gros chien va. Je suis sûr qu'il est très gentil. » Rit le redstoner.
Pourtant, une fois revenu à la cité, ils eurent une mauvaise surprise. Aypierre, qui venait rendre visite à Azenet, le trouva collé à sa porte d'entrée, haletant.
« Et bien Azenet? » S'étonna le leader.
« Il est en train de tout casser là-dedans ! »
« Qui donc? Le toutou? »
« Il parle ! J'te le jure ! Il parle ! Il m'a dit de le relâcher et j'ai fui... » Soupira le brun.
« Et tu l'as enfermé dedans? Ce n'est pas la solution. Laisse-moi passer. » Fit le garçon tout en ouvrant la porte malgré les protestations du jeune. Il tomba nez à nez avec la bête enragée, qui lui sauta dessus, plaquant sa truffe contre son nez.
« Relâchez-moi ! Tout de suite ! » Grogna t-il d'une voix mécontente.
« Haha. Donc c'est vrai. Tu parles. Tu as un prénom? » Fit le leader des Patricks d'une voix calme, ce qui étonna la créature. Azenet se cachait les yeux, ne voulant pas voir cela.
« … tu...n'es pas effrayé par moi? »
« Pourquoi je le serais? Je t'ai sauvé après tout. Tu étais mal en point, nous t'avons amené ici, hydraté et nourri. Enfin, on a fait ce que l'on a pu. Je comprends que tu sois effrayé après. C'est normal. Mais je t'assure que nous ne sommes pas des ennemis. Je m'appelle Aypierre. Et lui, c'est Azenet. »
Ce dernier écarta ses doigts pour laisser passer ses yeux bruns, regardant l'animal. Ce dernier émit un petit rire et s'ôta d'Aypierre, s'asseyant en face de lui.
« Je m'appelle Fukano. » Azenet enleva les mains de devant sa figure, soupirant de soulagement. Pierre s'assit sur un pouf qui trainait là.
« Et qu'est-ce que tu viens faire dans la région, Fukano? C'est très hostile pour quelqu'un qui est seul. »
« Je sais me débrouiller. » Grogna t-il. « Je recherche un vieil ami, c'est tout. Il a déménagé dans une autre ville et je dois traverser ce désert pour le rejoindre. C'est tout. »
« Si tu attends deux ou trois jours, on peut te déposer là-bas en toute sécurité? Azenet peut t'héberger et tout. » Fit le leader sans demander l'avis de son second, qui se contenta de rouler des yeux.
« Vraiment? Pourquoi vous voulez m'aider? » S'étonna Fukano, alors qu'il n'était qu'un simple étranger.
« Parce que Pierre aide son prochain et que c'est son cœur de Patrick qui le lui dit. » Avoua Azenet en soupirant.
« C'est quoi...Patrick? »
« C'est un groupe que nous avons formé. Une famille si tu veux. Nous nous entraidons. Nous vivons sous le même toit. Nous partageons les mêmes rêves, les mêmes idées. Nous sommes soudés et on ne laisse jamais l'un des nôtres derrière nous. » Raconta le leader tout en prenant une posture fière et noble, ce qui fit rire le codeur. Fukano pencha la tête, semblant réfléchir. Une famille?
Il ne savait pas ce que c'était. Il n'en avait jamais eu. Il avait juste un meilleur ami, qu'il adorait comme son propre frère Il sourit, se demandant ce que cela faisait de faire partie d'une telle famille. Le demi-Arcanin avait accepté la proposition de rester le temps de se reposer et de reprendre des forces. Depuis lors, Azenet ne quitta pas ses appartements de la cité des Sables. Il passait ses journées en compagnie de Fukano, trouvant de nombreux points communs avec lui. Ils étaient tout deux créatifs. L'entente était parfaite. Et au bout de deux petites journées, Azenet se réunit avec Pierre et Harry, afin de décider du sort du demi-Pokémon. Leur accord tomba en peu de temps : Fukano pouvait faire partie des Patricks s'il le souhaitait.
Que ne fût la joie du demi-loup quand il apprit la nouvelle de la bouche du codeur. Il le serra fort contre lui, ravi d'avoir enfin quelqu'un d'autre à qui parler après des mois de solitude. Il remercia les deux amis, jurant fidélité au groupe des Patricks.
« Azenet. Pierre. Je ne vous remercierais jamais assez de tout ce que vous avez fait pour moi. Vous m'avez sauvé la vie. Vous m'avez hébergé. Puis, vous m'avez proposé de rejoindre votre clan. Je...Je ne trouve pas les mots pour vous remercier. Je ne pensais pas qu'une telle chose pouvait m'arriver un jour. J'ai une dette envers vous. Je ne l'oublierais jamais. Merci... »*_*_*_*_*_*_*_*Les pensées résonnaient dans la tête du codeur. Il avait fermé les yeux, repensant à cette journée, essayant d'oublier l'horrible douleur qui régnait dans son épaule droite. Il oublia le flot de sang qui découlait de cette blessure représentée par trois marques de griffe. Il ouvrit grand ses yeux chocolat et fixa froidement la créature qui venait tout juste de l'attaquer, après avoir tué deux innocents.
« C'est tout? Tu vas me tuer aussi, Fukano? Qu'est-ce qu'ils t'ont fait pour que tu en arrives à ce point? Pourquoi tu es tombé aussi bas? Je te pensais bon. L'un des plus bons dans les Patricks. Tu m'as ouvert ton cœur d'or ce soir-là et j'ai répondu à ton appel. Je t'ai accueilli à bras ouverts dans notre clan. Et c'est ainsi que tu veux me remercier? »
La bête grogna, l'image d'Azenet se reflétaient dans ses yeux. Des yeux qui avaient perdu toute leur humanité. Azenet en avait les larmes aux yeux. Il devait se défendre s'il voulait survivre. Il boitait. Il perdait beaucoup de sang de son épaule meurtrie. Et l'Arcanin ouvrait grand la gueule pour l'attaquer avec ses flammes. Sans perdre une seconde de plus, il décapsula une potion de santé qu'il avait récupéré sur Nems et la jeta à ses pieds. Ses maux s'envolèrent. Ses jambes purent le porter. Commença alors cette course folle pour la vie. Le garçon avait fuit. Il ne pouvait pas affronter son ancien ami. Il ne pouvait pas lever une épée sur lui. Il ne pouvait pas bander un arc et lui tirer une flèche entre les deux yeux. Jamais. C'était son ami. Il était juste perdu. Il avait besoin de réconfort. Il devait le lui revenir. Ça ne pouvait finir ainsi. Azenet courut, s'enfonçant dans ce qui semblait être d'anciennes ruines au cœur de la jungle. Un vrai labyrinthe, il espérait semer le demi-Pokémon, de tout son cœur.
Ce dernier le regarda fuir. Un sourire malsain se dessina sur ses babines. Il regarda les corps des deux défunts et lâcha un rire démoniaque.
« Fuit Azenet, fuit ! Tant mieux. J'avais peur de m'ennuyer. Vous étiez tellement faibles, il faut dire. Allez, adieu cher petit couple. » Il partit à la poursuite du codeur en faisant un bond majestueux. Sa vitesse lui permit d'atteindre rapidement ce labyrinthe où il s'était réfugié. Il le sentait. Il sentait la peur qui poignardait le cœur de son ancien ami. Encore une proie facile qui ne résisterait pas à ses assauts. L'Arcanin se crut invincible. Personne ne lui arrivait à la cheville. Ses armes étaient mortelles. Ses griffes aiguisées et sombres, d'habitude dissimulées sous son épaisse fourrure, trônaient au bout de ses doigts et portaient encore le vernis flamboyant du sang de ses dernières victimes. Il sentit le feu brûler à l'intérieur de lui, telle une énorme chaudière. Il ne demandait qu'à sortir et à s'abattre pour réduire en cendres l'enveloppe charnelle du codeur. Il riait.
« Patience. Patience. Ce sera tellement plus amusant s'il souffre. Plus il souffrira, plus Aypierre souffrira. Tu m'entends, Azenet? Je te traque. Tu ne peux pas m'échapper ! » Hurla la créature à l'entrée du dédale de pierres moussues et taillées. Sa voix résonna entre les murs et se glissa jusqu'aux oreilles du Patrick. Ce dernier frissonna. Il était perdu. Il ne savait pas où aller. Personne ne viendrait le sauver. Il devait choisir. Se battre pour la vie... ou mourir comme le coupable qu'il était. Devait-il affronter son destin et se laisser tuer? Il ne savait pas. Les larmes lui montèrent au visage, il tomba à genoux, sanglotant silencieusement. S'en était fini.
*_*_*_*_*_*_*_*Pierre pressa le pas. L'annonce de la mort des deux innocents l'avait choqué. Pas parce qu'ils étaient morts. Non. Cela, il commençait à s'habituer. Il avait perdu l'habitude de pleurer ses compagnons. Il les perdait trop rapidement. Ce qui le chagrinait, c'était leur allié. Ou plutôt leur ancien allié. Ce monstre leur avait ôté la vie. Pour quelle raison? Il voulait le savoir. Ce fût pour cela qu'il avait pressé Frigiel au réveil, pour qu'ils puissent atteindre rapidement le pied du volcan. Il en était sûr. Son instinct le guidait. « Pourquoi, Fukano? » se demandait-il. Pourquoi quelqu'un d'aussi bon et aussi généreux que lui avait si mal tourné? Il ne savait pas. Si. Il savait. La mort de Souls avait ébréché le cœur du demi-Pokémon. Puis, celle de Zerator l'avait brisé. C'était aussi simple que cela. Frigiel le suivait, le cœur lourd. Il avait peur, peur d'affronter la face de ses amis à présent sans vie. Il priait en secret. Il implorait Zerator d'arrêter Fukano de là où il se trouvait. Il ne voulait pas voir le sang de ses amis couler par les mains d'un autre ami. Le châtain regarda la jungle, essayant de changer ses pensées noires. Sa propre mort lui vint à l'esprit. Aussitôt qu'il s'éveillerait, lui plongerait. Pourquoi lui et pas un autre? Il ne savait pas. Aussi, il avait écrit une lettre durant la nuit, à son ancien ami Siphano. Puisqu'il ne le reverrait jamais, autant tout lui expliquer. Par la suite, il avait caché la lettre dans sa tunique. Il la donnerait à Aypierre le moment venu. Ainsi, le leader de la CoopTeam saurait. Il saurait que son ami était décédé et qu'en mourant, aucune pensée négative ne le traverserait. Il partirait le cœur léger. Il n'en voulait pas à son camarade de l'avoir abandonné. Son caractère et le sien n'étaient tout simplement plus compatibles. C'était ainsi. Il lui souhaitait une longue vie, heureuse et prospère, avec sa petite amie et tous les autres.
Ils atteignirent l'orée de la jungle. Aypierre grimaça à la vue des trainées de sang sur le sol. Certaines venaient d'un portail amenant au Nether et se dirigeait en direction du volcan. D'autres, allaient dans la même direction, mais partaient du sentier bordant la jungle. Aypierre vit une épée ensanglantée sur le sol. Il la reconnut comme étant celle de Newtiteuf, ses initiales étant gravées dans le diamant de la lame. Le redstoner grimaça. NT s'était défendu contre Fukano? Cela ne faisait aucun doute. Il suivit, avec Frigiel, les traces sur le sol. Ils finirent par arriver sur les lieux des crimes. Frigiel ne pût retenir ses larmes, ni contrôler ses mouvements. Il se jeta sur le corps de Newtiteuf, dont la gorge et les vêtements étaient tâchés de sang. De son sang. Il le serra contre lui. Il était froid. C'était trop tard. Bien trop tard. Aypierre soupira, s'approchant lui du corps de Unster. Ce dernier était aussi froid que celui de NT. Le chef des Patricks ferma les yeux bleutés du garçon. Ces yeux qui autrefois, pétillaient de vie, étaient à présent ternes et vitreux. Le garçon nota la plaie au niveau de son ventre. Il s'était pris un coup d'épée. Newtiteuf lui avait mis un coup d'épée? Impossible. La blessure à la gorge était la même que celle du dresseur de Pokémon. C'était bien Fukano qui les avait tués. Aucun doute là-dessus. Il connaissait la manière d'attaquer du demi-Pokémon. Il ne l'avait vu faire qu'une seule fois dans sa vie, en voulant protéger Zerator d'une armée de zombies. C'était terrifiant. Le redstoner en frissonna rien qu'à la pensée. Se furent les sanglots de Frigiel qui le tirèrent de ses pensées. Le chef des Patricks décida qu'il était temps d'enterrer leurs amis, qu'ils puissent reposer en paix.
Après une brève cérémonie, les deux cercueils terrestres furent scellés. Enterrés ensemble, les deux amants vivraient leur amour éternellement. Frigiel apposa une fleur sur la tombe, récitant une ultime prière. Aypierre prit le soin de brûler leurs affaires. Il regardait les pokéballs du dresseur. Elles étaient vides. Où étaient donc passés les anciens alliés du brun aux yeux rouges? Aucune idée. Ils étaient probablement morts eux aussi. Au mieux, ils auraient été relâché. Il l'espérait. Aypierre prit le livre qui trônait à côté du corps d'Unster, à leur arrivée. Il le feuilleta rapidement. Hormis les tâches de sang, il contenait aussi de précieuses informations sur le démon. Le redstoner fronça les sourcils et le rangea dans son sac. Il serait utile en temps voulu. Le Patrick vint poser une main sur l'épaule de Frigiel. Cela ne le consolerait guère, mais c'était tout ce qu'il pouvait faire à présent.
Soudain, un bruissement le fit sursauter. Il dégaina rapidement son épée, se mettant devant l'ancien membre de la CoopTeam. Ce qu'il vit sortir des buissons le rassura alors. Il s'agissait de Bboy et de Darkfuneral. Frigiel laissa sa joie exploser et courut dans les bras du génie au pull gris, pleurant toutes les larmes de son corps. Ce dernier lui frotta le dos, lui demandant de se calmer.
« Les gars, je suis tellement content de vous voir, vous ne pouvez pas savoir... » Dit Aypierre en rangeant son arme.
« On est content aussi, gros. On a croisé personne en venant. Je ne sais pas où sont les autres mais, ils n'étaient pas sur notre chemin. » Affirma le génie tout en balayant la clairière du regard. Quel chantier. Il observa la tombe et soupira. C'était donc vrai. Ils ne reviendraient pas.
« Donc. Fukano est un traitre. Est-ce qu'on doit en finir avec lui? »
« J'aimerais trouver une autre alternative. Je sais que Fuka existe toujours. Je le sens. Il faut qu'il se reprenne. J'y crois encore. » Soupira le leader.
« Je veux qu'il meurt. » Dit froidement Frigiel. Tous se retournèrent vers lui, étonnés d'une telle parole venant de la bouche du plus jeune. « Il doit payer pour son crime. Unster et NT... »
« Nous ne savons pas ce qu'il s'est passé exactement. Fuka s'est peut-être défendu. Le maitre du jeu nous ment peut-être? Qui sait? Personne n'y était. Pour le moment, il faut qu'on le retrouve. Et il faut qu'on retrouve Azenet. Qui sait ce qu'il lui est arrivé à lui aussi? » Répondit calmement le redstoner. Il sentait la frustration de Frigiel. Ce dernier baissa simplement les yeux, son épaule se fit frotter par la main de Bboy.
« D'accord. Mais c'est Azenet que je veux trouver d'abord. En lui, j'ai confiance. » Dit le jeune en partant devant. Aypierre le regarda passer. C'était dur pour tout le monde. Il leva les yeux au ciel, priant pour qu'il ne soit rien arriver au codeur.
*_*_*_*_*_*_*_*_*Le codeur avançait d'un pas lent, une main ensanglantée apposée sur le mur à sa droite. Il avait péniblement à la recherche d'une sortie inexistante. Il était tombé sur Fukano, trois fois d'affilés. À chaque fois, le même scénario tournait en boucle. Il lui parlait. Il refusait d'écouter. Il l'attaquait. Il partait avec une blessure de plus. Le codeur n'avait plus de potion de santé et s'affaiblissait de plus en plus à chaque nouvel assaut. Ce n'était qu'un jeu aux yeux du demi-Pokémon. Azenet continua d'avancer, tenant son épaule de nouveau meurtrie par les griffes du sauvage. Sa jambe droite portait le même type de blessure et l'handicapait dans son avancée. De plus, la fatigue et la faim commençaient tout juste à le tirailler. Il se voyait clairement mort dans les prochaines minutes, s'attendant à un ultime assaut de la part du Pokémon.
Tout allait pourtant si bien avant l'arrivée de Mélodie. Ils étaient heureux. Il n'y avait pas de conflits. Certes, quelques petites disputes éclataient de temps à autre, surtout lors de fêtes un peu trop arrosées. Mais elles ne duraient pas. Un lien puissant unissait tous les Patricks et leurs amis. Le codeur souriait, se rappelant à quel point le demi-Arcanin fût timide. Il n'osait pas trop parler avec les autres, restant collé aux basques de Pierre ou d'Azenet. Les autres ne l'avaient pas rejeté. Au contraire, Bill avait été le premier à se rapprocher de la peluche, la trouvant fascinante. Doué à l'arc, il avait enseigné son art à As2pik et à Daweed. Fukano s'était réellement intégrer à leur groupe en l'espace d'une semaine. Jamais, ô grand jamais, personne au manoir n'avait eu peur de la véritable nature de ce dernier. Cette nature qu'Azenet avait en face de lui à présent. Le garçon laissa les larmes couler le long de ses joues. Il ne le ramènerait pas à la raison. Il ne pouvait pas. Il était perdu, aveuglé par sa vengeance. Il en était certain, si Zerator revenait, par il ne savait quel miracle, cela ne changerait rien. Pire encore, le demi-Pokémon l'aurait probablement tué aussi dans sa folie.
Azenet regarda le cul de sac dans lequel il était entré. Il ne s'en sortirait pas. Affaibli, il s'adossa à un mur, essayant de reprendre son souffle, car chaque pas lui demandait un effort surhumain. Il entendait des bruits dans les couloirs voisins. Des bruits de pas, des petits rires mais aussi des grognements. Le garçon garda son épée à portée de main. C'était lui ou Fukano. Le garçon pesait le pour et le contre. Fukano était un danger pour Pierre. Mais lui, était un boulet pour le groupe, dans la condition où il se trouvait. De toute façon, il n'y croyait pas une seule seconde. Il mourrait dans ce combat. Il vit alors la masse orange arriver par la gauche, un sourire carnassier aux lèvres.
« Tu es là. » Fit-il, amusé. « Tu dois te sentir faible... regarde un peu à quoi tu ressembles ! »
À rien. Le codeur le savait. Ses vêtements étaient tachés de sang et déchirés par endroit. Pourtant, il garda un ton neutre sur son visage.
« Fuka. Il est encore temps. La vengeance ne te ramènera ni Zerator ni la paix. Tu feras quoi après tous nous avoir tués? Hein? Dit-le moi ! » Grogna le codeur.
« Je ne sais pas. Mais vous ne serez plus là pour le voir. Dommage. »
« Tu vas laisser le maitre du jeu s'en sortir? Il va détruire notre monde. Pense aux autres, bordel ! À tes amis de l' « Alliance Rainbow », à Shorty, à Nocxx, aux amis de Frigiel ! Ils vont tous y passer si le démon utilise le vœu, tu le sais ! »
« Il n'utilisera pas le vœu, car JE vais l'utiliser. » Pouffa l'Arcanin de rire.
« Il ne ressuscitera pas Zerator, tu le sais. Il ne peut pas te le ramener. Il faut que tu tournes la page. Moi aussi je suis triste. Moi aussi j'ai perdu mes amis ici. Tu crois que tu es le seul à vouloir une vengeance? »
« Tu ne le montres pas en tout cas. » Râla la bête.
« Vois ce que tu es devenu... toi qui étais si bon et si noble. Une vulgaire machine à tuer, rien de plus. Tu ne te rappelles même plus les bons moments que nous avons passés côte à côte. Te souviens-tu, de cette journée où tu avais failli te noyer, parce que tu avais caché que tu ne savais pas nager? Tu te rappelles des risques qu'ont pris As2 et Thaek pour te sauver? Et après, tu es tombé malade... je suis resté à ton chevet, nuit et jour pendant deux longues journées, en espérant que tu ailles mieux, car on ne savait pas quoi te donner comme médicament. J'ai été super heureux de voir ton éveil. J'étais soulagé, parce que je ne voulais pas perdre un ami aussi bon que toi. Tu nous as dit pendant une semaine ô combien tu étais désolé. C'était amusant, car ça n'en finissait pas. Tu étais notre serviteur, tu faisais tout pour nous rendre l'appareil... mais moi, je ne voulais pas. Tu sais pourquoi? Parce qu'un vrai ami n'a pas besoin de service, non, il a juste besoin de son ami. Quand je suis triste, un simple sourire de ta part peut me redonner le moral. Quand j'ai peur, tu es toujours là pour me réconforter. Tu ne m'as jamais laissé tomber...pourquoi? Pourquoi aujourd'hui? Tu...Tu as tout oublié? C'est ça? Toutes ces années passées à tes côtés ne signifient plus rien pour toi? » Demanda le codeur, pleurant toujours.
« Effectivement. Tu m'as bien servi, humain. »
« Fuka... tu ne le penses pas... » sanglota le Patrick.
« Oh si, je le pense. Toute votre race mérite d'être exterminée. Vous détruisez tout ce que vous touchez. » Grogna le demi-Arcanin.
« C'est toi qui es en train de détruire tout ce que tu as construi... »
« Tu parles de mon passé? Vous m'avez bien servi. J'ai pu changer de condition grâce à votre aide. Voilà, maintenant, ton rôle s'achève Azenet. Tu aurais une dernière parole? Un dernier mot? » Dit-il, tout en s'approchant lentement, les crocs sortis.
« C'est de ta faute. » murmura le codeur.
« Plait-il? »
« C'est à cause de toi si on est ici. » Le demi-Arcanin grogna, ne comprenant pas. « Parce qu'elle a menacé de te faire sauter, Pierre s'est senti obligé d'accepter l'invitation sur cette île maudite. Pierre a voulu te sauver la vie, car c'était ton ami. Voilà pourquoi nous sommes ici. C'est de ta faute et non de la nôtre. » Souris gentiment Azenet en regardant le demi-Arcanin qui sembla choqué d'entendre cela. Il reprit bien vite son air agressif.
« Mensonges !! C'est de votre faute ! »
« Si tu veux te voiler la face...vas-y... de toute façon, tu n'es pas Fukano. Il n'existe plus. Il est mort avec Zerator. » Le codeur sursauta en entendant un rugissement de la part de la bête. Jamais encore il n'avait entendu pareil son de la gueule de son ami. C'était un rugissement de désespoir et de colère. Toutes griffes dehors, l'Arcanin fondit sur sa proie avec une seule idée en tête : le tuer. Azenet ferma ses yeux, s'attendant à être tué de la même façon que le furent NT et Unsterblicher. Il marmonna un petit « Désolé, Pierre. » avant de prendre son épée et de la pointer devant soi. Les crocs et l'acier allaient se rencontrer. Il n'y aurait qu'un seul gagnant. Un long hurlement s'éleva alors dans le labyrinthe et se tût aussitôt. Le silence régna alors en maitre dans ce dernier.
*_*_*_*_*_*_*_*_*_*Ce long hurlement avait fait fuir les oiseaux du coin. Ils partirent, telle une nuée d'insectes, à la recherche d'un lieu plus calme. Quatre silhouettes courraient dans la forêt, l'ayant entendu aussi. Qui avait crié? Ils n'avaient pas reconnu. Ce fût la peur au ventre que le chef des Patricks s'engouffra dans les ruines, à la recherche de la ou des personnes à l'origine de ce son. Il courrait dans les allées, suivi par ses compagnons. Chacun avait de l'appréhension. Qu'allaient-ils trouver?
Aypierre s'arrêta dans ce cul de sac d'où s'échappait l'odeur de la mort. Il porta une main sur sa bouche en voyant le spectacle qui se dévoilait devant lui. Une masse orangée était allongée là, sur le ventre, ne bougeant pas d'un poil, baignée dans une mare rouge et luisante. Le leader s'approcha lentement, s'agenouillant près de cette dernière. Il vit les yeux clos de l'animal, sa bouche légèrement entre-ouverte, ses dents rougies par le sang. Il posa une main sur son cou, sans peur, fouillant à travers les poils pour toucher la peau. Le demi-Arcanin ne respirait plus, il n'avait plus de pouls. La vie l'avait quitté. Le leader poussa un énorme soupir, triste. Il aurait tant voulu le ramener de cette folie meurtrière. Au moins, il était réuni avec Zerator. Il imagina toutes les insultes que pouvait déverser l'humain à l'encontre de son meilleur ami. Il devait se sentir stupide, ça oui. Les autres arrivèrent, un petit air triste s'afficha sur leur visage fatigué. C'était tout de même l'un des leurs. Personne ne méritait de mourir ainsi, seul. Pierre se demanda alors comment le demi-Pokémon avait perdu la vie. S'était-il tué, rongé par le remord? Le leader baissa les yeux, apercevant alors une main, cachée sous les poils noirs du ventre de Fukano. Rapidement, avec l'aide de ses amis, il retira le corps du demi-Pokémon, révélant alors une épée en diamant plantée dans son cœur. Le leader avait trouvé la cause de la mort, mais pas que. Il pâlit en voyant Azenet allongé là.
Laissant les autres s'occuper du reste, le Patrick prit son ami contre lui. Il respirait faiblement et ouvrit ses yeux marron, perdu. Le leader essaya de le rassurer, frottant son dos doucement.
« On est là Azenet. Ne t'en fais pas. » Il grimaça en regardant dans quel état était le codeur. Il avait souffert lui aussi. Il soupira, pensant que Fukano l'avait attaqué et qu'il ne s'était que défendu. Il pria silencieusement pour que le codeur ne s'en veuille pas trop. Ce dernier pleurait , se rappelant de ce qui venait de se passer. Il s'écarta rapidement du chef des Patricks, boitant plus loin, l'air apeuré.
« ...Je...Je ne voulais pas... » Marmonna t-il tout en reculant.
« Je sais, Aze. Je sais. C'était une défense. Calme-toi. » Répondit Pierre en s'approchant lentement. Il devinait ses intentions et ne voulait pas le laisser faire. Surtout pas.
« Je suis un monstre...pourquoi j'ai fait ça? Pourquoi? Je...Je l'ai tué...Pierre...Je suis tellement désolé... » Pleura le codeur tout en continuant de reculer.
« Azenet, arrête ! Je ne t'en veux pas ! Reste ici, je t'interdis de ...Aze !!! » Pierre ne pût l'attraper à temps. Le garçon venait de s'enfuir par l'entrée de la pièce. Les autres n'eurent guère le temps de faire mieux.
« Aze, revient ! T'en va pas ! » Cria Frigiel.
« Je vais le chercher. » Fit le leader, s'élançant à la poursuite de son meilleur ami. Il le traqua jusqu'à la sortie des ruines d'où Azenet avait réussi à sortir par un coup de chance... ou guidé par quelqu'un? Aypierre frappa le mur, de rage. Comment avait-il pu le laisser filer? Le pauvre Patrick s'en voulait d'avoir tué son ami et la peur rongeait le cœur d'Aypierre. Et s'il faisait une bêtise? Le chef n'osait pas l'imaginer. S'il perdait son meilleur ami, le seul qui lui restait... il repensa à son ultime murmure, lorsqu'il fût passé à côté de lui pour s'enfuir...
« Pardonne-moi... »
*_*_*_*_*_*_*_*_*Il avait marché toute la soirée, les bras croisés, pleurant en silence. Il l'avait tué. Il ne s'était pas défendu, il l'avait clairement tué. Pourquoi se défendre lorsqu'on est fichu et qu'on se prétend être un boulet pour son équipe? Il ne savait pas. Son cœur saignait. C'était une trahison. Lui qui s'était juré de ne jamais lever la main sur ne serait-ce qu'un seul Patrick. Il avait rompu sa promesse et avait trahi ses amis. Deux fois. D'abord Nems, puis Fukano. Deux fois il avait fait couler le sang. Trop de fois selon lui. Et cette voix qui tournait en boucle dans sa tête, qui lui disait qu'il n'était qu'un faible, incapable d'avouer ses crimes. Le codeur regarda ses mains rougies. Le sang était sec mais demeurait. Il repensa à son meurtre. Comment Fukano l'avait traité de traitre, comment il lui avait rappelé une énième fois que tout était de sa faute, le tout avant de sombrer dans les bras de la faucheuse. Il laissa les larmes couler. Que devait-il faire à présent?
Il entendit son prénom, non loin, dans la jungle. Les autres le cherchaient. Il était poursuivi. Il ne voulait pas les voir. Pourtant, son cœur voulait l'inverse. Il savait que Pierre ne lui en voudrait pas, pourtant, cette petite voix trottait dans sa tête. Il était fautif. Il ne méritait pas de continuer à vivre auprès de celui qui comptait le plus à ses yeux. Il ne méritait plus de vivre. Le codeur lâcha ses équipements, se délestant du plus de poids possible et s'enfuit une nouvelle fois dans la jungle. Il savait exactement où aller. Il savait exactement où tout se terminerait.
Les génies continuaient d'appeler, autant que Frigiel. Rien, pas une réponse. Le temps semblait se couvrir, lâchant une fine pluie. Le leader s'en fichait. Il avait la peur au ventre. Chaque seconde qui passait le faisait trembler. Il ne voulait pas le perdre. Il vit alors l'amas d'équipements sur le sol, s'agenouillant pour mieux observer. Il leva ensuite les yeux, cherchant du regard quelle direction le codeur avait pris. Il observa le volcan et le vit : ce pont de pierre qui séparait les deux flancs de la montagne. Il en était certain. Il se trouvait là. Sans prendre le temps d'expliquer aux autres, le chef des Patricks se mit à courir le plus vite qu'il le pouvait. Il devait y arriver. Il devait arriver à temps.
*_*_*_*_*_*__*_*_*_*Seul sur le pont, Azenet marchait tel un automate. Il ne pensait plus. Il se contentait d'avancer. Tout lui importait. Fukano était mort par sa faute. Les autres étaient morts par sa faute. Il ne le supportait plus. Combien de fois devrait-il encore pleurer avant de trouver enfin la paix? Il n'en pouvait plus de cette situation. Le garçon aux cheveux bruns avança lentement vers le bord du pont. Le vent et la pluie battaient sa face pâle. En bas, le gouffre terminant dans l'unique rivière de l'île lui tendait les bras. Cette voix dans sa tête...lui disait d'agir. Lui disait de sauter. Mais une autre voix le fit sursauter et reculer.
« Azenet !! Ne fais pas ça !! »
C'était Aypierre. Il venait d'arriver, sortant des bois, haletant, épuisé par sa course. Le codeur baissa immédiatement le regard. Pierre s'approcha doucement, avant de se figer. Le codeur menaça de sauter s'il approchait davantage. Pierre avait cette boule serrée dans la gorge. Un seul faux pas et ce serait terminé. Il regarda son ami, désespéré.
« Azenet...je t'en supplie... ce n'est pas la solution. J'ai besoin de toi. Tu...tu ne vas pas me laisser tomber tout de même? »
« C'était moi. »
« De quoi tu parles? »
« C'était moi. Dans le Nether. Avec Nems. C'est moi qui l'ai tué. »
Le leader resta sans voix. Du moins au début. Il secoua sa tête et se reprit, n'osant pas croire une telle chose, pas de la part d'Azenet. Il n'avait jamais tué personne. Jamais.
« C'était de la défense. N'est-ce pas? » Demanda le leader.
« Qu'est-ce que ça change? Il est mort. Que ce soit de la défense ou non, ça ne change pas le résultat. Ils ne reviendront jamais et c'est de ma faute. Si je l'avais laissé faire, Fuka serait encore en vie. »
« Tu l'as libéré. Fukano n'était plus lui-même. Je suis sûr qu'il te remercie de là où il est. Grâce à toi, Zerator et lui sont réunis. »
« Ils n'auraient jamais été séparé si on avait eu un peu plus de bon sens. » Soupira le codeur.
« Arrête ça ! Tout de suite ! » Hurla Aypierre, furieux.
Un silence s'installa durant quelques secondes. Le codeur ouvrit la bouche pour répondre, mais ce fût le chef des Patricks le plus rapide.
« J'en ai rien à cirer. Que tu te sois défendu, ou que c'était intentionnel. Je m'en fiche. Si Nems t'a attaqué, c'est qu'il était l'une des taupes. Si Fukano t'a attaqué, c'est parce qu'il avait perdu la raison. Dans les deux cas, tu n'es pas fautif Aze. Écoute-moi... j'ai perdu As2...Harry...Bill...Fuka... j'ai décimé les Patricks un à un... je ne veux pas te perdre...pas maintenant...j'ai besoin de toi plus que jamais. Tu...Tu es celui qui me donne encore la force de continuer, Aze. Sans toi, je ne serais plus rien. J'ai besoin de ta présence et d'écouter ta voix. Qu'importe ce que tu me diras ! Ne saute pas...Je t'en supplie... pourquoi tu veux m'abandonner? Tu crois que tu vas me rendre service, mais c'est tout le contraire ! Si j'ai fondé les « Patricks » avec toi et Harry, c'était pour une bonne raison : vous êtes ce que j'ai de plus cher au monde. En perdant Harry, j'ai déjà perdu une partie de moi-même. Si je te perds, Aze, c'est fini. »
Le garçon l'écouta longuement et soupira. Il était si important à ses yeux? Cela réchauffa quelque peu le cœur du codeur. Il fit un pas. Le pas de trop. Le vent soufflait fort. Il ne pût lutter. Son corps bascula dans le vide, emporté par l'élément déchainé. C'était terminé. Du moins, c'était ce qu'il croyait...avant de voir Pierre penché au-dessus du pont, le retenant d'une main et se tenant à l'édifice de l'autre.
« Je...Je te tiens...Je vais te remonter... » Grommela le leader, commençant à glisser au niveau de sa prise.
« On va tomber tous les deux. Lâche-moi. »
« Jamais !!! T'entends ! Jamais je ne te lâcherais ! Bordel, Aze !! Je ne veux pas te perdre ! Est-ce que tu le comprends au moins? » S'énerva Aypierre.
« J'ai compris, Pierre. Sache que je tiens à toi, autant que toi tu tiens à moi. J'aurais tellement aimé que cette journée de malheurs n'ai jamais commencé... j'aimerais tellement remonter le temps pour tout arrêter avant qu'il ne soit trop tard... dire aux autres à quel point je suis désolé de leur avoir caché la vérité... leur dire à quel point je les aimais... si on en avait parlé plus tôt...On aurait trouvé une autre alternative...on a été stupide Pierre...et il faut que quelqu'un paye... » Sourit le codeur, sentant sa main glisser à cause de la pluie.
« ...je t'en supplie...accroche-toi...Aze...je...je...je t'aime bordel... je ne veux pas que tu me quittes...pas comme ça... »
« ...ça me fait plaisir d'entendre ces mots... prends soin de toi Pierre...je sais que tu peux y arriver...tu n'as pas besoin de moi... »
« Aze...non...pitié.... »
« Pardonne-moi...mais c'est ainsi que ça doit se terminer...adieu Pierre... »
Le chef des Patricks sentit la main de son ami glisser. Il le regarda tomber dans l'abîme. Sa main continuait de pendre dans le vide. Ses yeux avaient perdu toute notion de vie. Il remonta sa main lentement, tremblant. Les larmes coulaient lentement sur les joues du leader.
« ...Azenet...non...t...tu...je vais venir t'aider...je...Je suis sûr que ça va...je vais venir te sauver, Aze !! » Cria t-il au bord du pont.
La seule réponse qu'il eut, fût le coup de canon. L'image d'Azenet apparut devant ses yeux et se dépixelisa en quelques secondes. Le leader tendit une main vers ce visage qu'il ne reverrait plus jamais. C'était fini. Azenet était mort. Le chef des Patricks regarda le ciel, dépité. Bboy, Fufu et Frigiel le rejoignirent, se jetant sur lui pour l'empêcher de faire une bétise. Le génie lui demanda ce qu'il s'était passé. Le leader ne répondait pas. Son regard était vide et tourné vers le ciel en pleurs.
« Pourquoi...? Pourquoi tu me prends tous mes amis? Pourquoi? Azenet...Harry...je suis tellement désolé... Je ne mérite pas...tout ce qui m'arrive...J'aurais dû mourir à leur place.... »
« Dis pas ça, gros. C'est pas de ta faute. » L'encouragea Bboy.
« Aze.....Pardonne-moi...je t'ai laissé tout endurer à ma place... si j'avais compris...tu...tu serais encore là... »
Frigiel baissa les yeux, triste. Bboy frottait le dos du chef en essayant de le rassurer. Fufu les regardait. La pluie continuait de s'abattre sur eux, tandis que le leader s'approcha du vide et hurla de tout ses poumons, le prénom de son ami disparu.
*__*_*_*_*_*_*__*Alors que le ciel pleurait en compagnie d'Aypierre, son double riait doucement, devant une immense porte de fer. La lave en fusion coulait sur les côtés. Il riait. La dernière mort. Le dernier sacrifice. Tout était prêt.
« Il est tant de déchainer les enfers. Ô grand roi des temps anciens, je t'appelle. Reviens à la vie et réclame ta vengeance ! Ce monde ne sera bientôt plus qu'un tapis de poussière...et nous y règnerons en maître...Pour l'éternité... »
Un rire maléfique s'échappa de son gosier, tandis que la porte s'ouvrait lentement. Une main noire et crochue en sortit...un autre rire s'échappa...plus sombre...une aura noire s'abattit sur les lieux...
Il était en vie...
Il sortait pour assouvir sa vengeance.
Fukano a été tué par Azenet.
Azenet s'est tué.
[To be conclued.]
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ce n'ai pas au publique de décider à la place de l'auteur quand même X)
